Messali Hadj, un Harki kabylo-albanais ? Qui l'eût cru...

Lorsqu’on tape le nom de Messali Hadj sur un moteur de recherche quelconque, trois mots étonnants ressortent systématiquement en premier: « Harki », « Kabyle » et « Albanais ».

Des appellations – pas toujours flatteuses – qui témoignent de la controverse du personnage.

Il a fallu attendre le jeudi 20 décembre 2012 – soit un demi-siècle après la signature des accords d’Évian – pour que son nom soit prononcé dans un discours officiel au Parlement algérien.

Et c’est un Français, en la personne du Président Hollande, qui est venu lui rendre hommage publiquement lors d’un déplacement sur la terre de l’Émir Abdelkader.

Un nom qui n’a depuis plus jamais été prononcé par un chef d’État algérois…

Comme si la simple évocation de son patronyme suffisait à ouvrir une plaie mémorielle jamais cicatrisée.

Et pourtant, son héritage demeure, à l’heure où cette ancienne colonie républicaine doute parfois de son roman national.

Tout d’abord, il est vrai que l’époux d’Émilie Busquant a bien servi l’armée française.

Appelé sous les drapeaux en 1918, il a fait ses trois années de service militaire en Gironde.

Cela fait-il de lui pour autant un Harki ? Ou « Harkabyle »…

Certainement pas.

À l’instar de l’arrière-grand-père kabyle de Jordan Bardella – qui fut soldat au Levant entre 1923 et 1925 – il n’a fait que répondre à l’appel du devoir d’une puissance occupante.

Jordan Bardella Mohand Seghir Mada

Tout comme Ferhat Abbas, le mari de Marcelle Stöetzel, sa compagne pied-noire d’origine lorraine.

Se faire enroller – pratiquement de force – dans une armée étrangère n’est pas synonyme de collaboration, et encore moins de trahison.

Il est donc imbécile de lui coller – à titre posthume – une étiquette de « collabeur ».

Néanmoins, il a d’abord dû butiner quelques fleurs tricolores avant de sécréter son miel révolutionnaire.

Et c’est au cours de ses années bordelaises qu’il a vécu son premier flirt avec une fille du coin, une certaine Isabelle Dupuy.

Une aventure sentimentale qui a initié le jeune Messali aux jeux de l’amour et du hasard.

Quant à son albanité présumée, l’origine de cette rumeur demeure un mystère irrésolu à ce jour.

Arbre Généalogique de Messali Hadj

Bien qu’il soit issu d’une union andalo-kouloughli, aucun de ses ancêtres n’a vu le jour à Tirana, à Durrës ou à Vlorrë.

Dans ses mémoires, sa fille – Djanina Messali-Benkelfat – décrivait son grand-père – Hadj Ahmed Messali – comme « un bel homme blond aux yeux bleus », décédé à l’âge de 112 ans.

Un physique d’apparence européenne qui pouvait – aux yeux de certains apprentis ethnologues – laisser présager une origine albanaise.

De même, le fondateur de l’Étoile nord-africaine a vu le jour à Tlemcen, et non dans une wilaya kabyle comme Béjaïa ou Tizi Ouzou.

Sa kabylité est donc, à moins d’une révélation surprenante, inexistante.