La tombe lorraine d'Émilie Busquant, l'inventeuse française du drapeau algérien

La tombe d’Émilie Busquant – la plus Algérienne des Françaises – se situe en Meurthe-et-Moselle, à Neuves-Maisons.

Un lieu de quasi-pèlerinage pour l’ensemble de la patriosphère algérienne.

Lorsqu’elle quitta ce monde, le vendredi 2 octobre 1953, plus de 10.000 Algérois vinrent se recueillir sur son cercueil.

Un hommage posthume pour l’épouse de Messali Hadj, qui fut l’architecte discrète de la dissidence décoloniale.

Émilie Busquant TombeHommage rendu à Madame Messali dans le cimetière Néodomien. (© Capture d’écran | Chaîne YouTube de Bens)

Et c’est à la clinique des Glycines, aux côtés de ses deux enfants, qu’elle succomba à l’hémiplégie qui la rongeait jusqu’à l’agonie.

Le gouvernement Joseph Laniel – sous la présidence du socialiste Vincent Auriole – refusa que son mari ne se rende directement sur place.

Le ministre de l’intérieur de l’époque, un certain Léon Martinaud-Déplat, lui avait proposé de signer une déclaration qu’il ne pouvait que refuser: à savoir qu’il ne fallait pas que cet évènement soit « exploité à des fins politiques ».

Fin limier, il refusa d’apposer sa signature sur un tel document, ce qui revenait implicitement à clamer publiquement sa soumission à un ordre colonial qu’il a toujours combattu au cours de sa carrière militante.

Alger Républicain | Annonce du décès de Madame Messali dans la presse de l'époque.(© Capture d’écran Gallica | Journal: Alger républicain | Directeur: Pascal Pia | Date: 3 octobre 1953)

Le samedi 3 octobre, de 10h à 20h, toutes les délégations du M.T.L.D (pour Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques) firent le déplacement.

Tous se sont réunifiés autour du corps exposé à son domicile du 5 rue de la Montagne.

Mme Buscant, 1953, AlgerLe patronyme de Madame Messali fut écorché par l’éditorialiste de ce journal ; c’est « Busquant » et non « Buscant ». (© Capture d’écran Gallica | Média: L’Écho d’Alger : journal républicain du matin | Date: 3 octobre 1953)

Le lendemain, un long cortège funèbre – formé au Champ-de-Manœuvre – traversa une myriade de rue algéroises.

Le mardi 6 octobre, les dockers du port s’interrompirent de travailler pour rendre à cette fidaïa une ultime révérence.

"Mme Buscaut", au lieu de Madame Busquant.Ici, l’auteur de cet article a écrit « Mme Buscaut ». (© Capture d’écran Gallica | Journal: La Dépêche tunisienne | Date: 4 octobre 1953)

Traversant la méditerranée, sa dépouille fut transportée jusqu’au caveau familial lorrain avant d’être enterrée dans cette commune française qui l’a vue naître il y a 52 ans, le dimanche 3 mars 1901.