Les descendants francophiles de l'Émir Abdelkader ont-ils été Harkis ?
Difficile, pour les descendants de l’Émir Abdelkader, de se faire un prénom avec un nom aussi légendaire.
Francophile cinquième dan, le vaincu de la bataille de la Smala a transmis à ses héritiers l’amour qu’il a reçu de l’Empereur Napoléon III.
- Intermède linguistique: Sauriez-vous écrire en arabe la formule « Tahia Al Djazair » ?
En effet, ce dernier l’a décoré de la plus haute distinction impériale en lui attribuant la Légion d’honneur.
Sans oublier la pension annuelle de 150.000 francs versée par la Second Empire à cet ancien ennemi devenu ami de la France.
(© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Journal: La Vigie marocaine | Date: 6 octobre 1950)
Si sa postérité fut indéniablement assurée, il en est de même pour ses descendants.
Au total, il a contribué à mettre au monde neuf fils et cinq filles.
- Parenthèse algéro-lorraine: Saviez-vous que les épouses françaises de Ferhat Abbas et de Messali Hadj étaient originaires de la même région ?
Des chérubins qui ont, eux aussi, chéri le tricolore républicain ; à tel point que la plupart de leurs héritiers ont fait le choix de servir Paris au Maghreb.
Ce fut notamment le cas de l’Émir Sehel, le petit-fils, qui fut promu chevalier de la Légion d’honneur en octobre 1950.
(© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Média: Akhbar : journal de l’Algérie | Date: 1er mars 1920)
Dans son discours de remerciement, il louait – non sans flagornerie – « l’oeuvre grandiose et humaine et hautement civilisatrice que la France a accomplie dans ces pays d’Afrique du Nord »…
Douze ans après cette allocution obséquieuse, le drapeau révolutionnaire d’Émilie Busquant se substitua à celui de la Vème République.
Inutile de préciser qu’aucune statue à l’effigie de cet enfant abdelkadérien ne trône sur les ronds-points algérois.
Trois décennies auparavant, c’est l’Émir Khaled – fils de l’Émir El Hachemi (lui-même fils d’Abd el Kader) – qui exulta toute sa francophilie lors d’une prise de parole en public.
Les descendants de l’Émir – à l’instar de Chergui Hadj – étaient soutenus par la presse républicaine lors des élections législatives. (© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Journal: La Gazette d’Aïn-Temouchent : organe des intérêts régionaux : paraissant le jeudi : directeur-gérant J. Andréo fils | Date: 3 septembre 1953)
C’est à cette occasion qu’il a pu rappeler que quarante-sept membres de sa famille ont mis leur peau sur la table dans les tranchées boueuses de 14-18.
Jouant sur les deux tableaux, il se rapprocha du tout jeune Messali Hadj en devenant le Président d’honneur de l’E.N.A (ou Étoile nord-africaine).
Une manière habile de finasser avec le colon pour mieux s’affranchir de son joug.
Hélas pour lui, cette stratégie de décolonisation douce n’a pas livré le moindre fruit.
L’Émir Omar fut executé par les Ottomans pour avoir « seulement aimé la civilisation française » selon les termes de ce journaliste français. (© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Journal: Le Radical | Date: 7 juillet 1916)
Pire encore, ce double-jeu fut perçu comme une forme de harkisme ; synonyme dans la bouche des algéronautes de traîtrise.
En consultant l’ensemble de son arbre généalogique, on constate que les Français sont parvenus à acheter avec des honneurs et des titres la plupart des membres de sa famille.
(© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Média: L’Afrique du Nord illustrée : journal hebdomadaire d’actualités nord-africaines : Algérie, Tunisie, Maroc | Date: 10 mai 1913)
Faut-il rappeler – pour reprendre la formule de Napoléon Ier – que c’est avec des hochets qu’on mène les hommes ?
Et que ceux des territoires colonisés ne furent pas les derniers à servir le tricolore pour une breloque républicaine.
(© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Journal: L’Ikdam : L’Islam, Le Rachidi : organe de défense des intérêts politiques et économiques des musulmans de l’Afrique du Nord | Date: 24 mars 1922)
Cette aristocratie coloniale était surnommée – par les indigènes oppressés – les « béni-oui-oui » (« beni » voulant signifier « fils de » en arabe).
Cadis, percepteurs d’impôts, chefs tribaux… Tous ces postes étaient majoritairement occupés par des autochtones affidés au régime de l’indigénat.
Certains ont même formé des dynasties d’apparatchiks à la solde de l’hexagone.
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