L'Émir Abdelkader, cet ami de la France ayant reçu la Légion d'honneur

Bouclier des chrétiens captifs, l’Émir Abdelkader a aussi reçu une distinction très française: celle de la grand’croix de la Légion d’honneur.

Une gratification impérialo-républicaine qui nourrit encore une série de calomnies à son encontre.

Certains vont même jusqu’à l’appeler « Harki ».

Un mot qui – dans l’esprit de certains algéronautes exaltés – est synonyme de traîtrise absolue…

Un déshonneur posthume pour celui qui a porté haut et fort les couleurs de la résistance entre 1832 et 1847.

Hélas, le crépuscule de son Émirat a débuté à la bataille de la Smala, remportée en 1843 par le Duc d’Aumale – fils du Roi Louis-Philippe Ier.

Défaite qui a surtout définitivement enclenché un cycle colonial ayant pris fin en 1962 avec la signature des accords d’Évian.

Emmené vers la métropole, il y a vécu là-bas des conditions de détention rugueuses.

D’abord au château de Pau, jusqu’en novembre 1848.

Puis à celui d’Amboise, celui-là même qui servit de cage dorée à Monsieur Fouquet, principal rival du tout jeune Louis XIV.

Traité avec magnanimité par les Français, il fut reçu par le prince-empereur Louis-Napoléon au château de Saint-Cloud, le 30 décembre 1852.

Une scène immortalisée par le peintre François Théophile Etienne, où l’on voit l’Émir s’incliner à 90 degrés devant Sa Majesté impériale.

Une autre toile, réalisée cette fois-ci par Jean-Baptiste-Ange Tissier, dépeint sa mère – Lalla Zohra – dans la même posture.

Des signes de respect qui nourriront l’ambiguïté autour de son hypothétique allégeance au Second Empire.

Sachant qu’il était salarié par le régime napoléonien à hauteur de 150 000 francs par an.