L'ignoble supplice de la bouteille subi par Djamila Boupacha
Moudjahida courageuse, Djamila Boupacha fut aussi le gibier de l’armée coloniale ; victime du supplice de la bouteille.
Rarement des méthodes aussi perfides auront été déployées dans un centre de détention tricolore.
- Intervalle diplomatique: L’Émir Abdelkader s’est-il vu décerné la Légion d’honneur des mains de l’Empereur Napoléon III ? Et si oui, peut-il être qualifié de Harki à titre posthume ?
Ce conflit sanguinaire – qui a débuté le lundi 1er novembre 1954 – a hélas innové sur le terrain de la souillure.
Et la fidaïa Boupacha a subi au plus profond de sa chaire cette barbarie sans limite de la part de ses tortionnaires.
Icône mondiale du décolonialisme, elle a reçu le soutien inconditionnel de feu Maître Gisèle Halimi.
Capturée le lendemain de son vingt-deuxième anniversaire, le mercredi 10 février 1960, elle a traversé un long mois de supplice interminable.
- Intermède mémoriel: Les archivistes français ont-ils conservé la liste des Harkabyles de toutes les wilayas Imazighen ?
Prise de guerre des militaires, c’est dans la clandestinité qu’elle fut soumise à la question.
Des séances d’une rare bestialité où coups de poing se mêlèrent aux brûlures de cigarette ; sans oublier l’emploi de la gégène avec l’application d’électrodes sur le bout des tétons.
Témoignage de Djamila Boupacha face à la chroniqueuse Sonia Devilliers. (© Capture d’écran | France Inter via Youtube)
Mais le paroxysme de l’ignominie fut atteint lors du supplice dit « de la bouteille » ; qui consistait à enfoncer un goulot de bière dans sa matrice.
La finalité de cette géhenne étant d’avilir sa vertu avec la perforation de son hymen intact.
Une profanation corporelle qui n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres de notre Histoire.
Et c’est le mardi 17 mai 1960 – soit 97 jours après son arrestation – qu’elle fit la rencontre d’un ange gardien venu de métropole.
Présentation de l’ouvrage de Maître Gisèle Halimi, paru aux éditions Gallimard le 31 janvier 1962. (© Capture d’écran | Chaîne de Marion Marten-Pérolin via YouTube)
Constamment empêchée – dans son sacerdoce d’avocate – de rencontrer sa protégée, elle n’hésita pas à porter son martyre pénitentiaire sur la place publique.
À l’époque où un ministère de l’information – dirigé par le gaulliste de gauche Louis Terrenoire – filtrait les informations venant du front, il n’était pas aisé de livrer à l’opinion ces vérités sanglantes.
Et pourtant, ce combat médiatico-judiciaire a fini par livrer ses premiers fruits.
Cette méthodologie supplicière – décrite dans cet article de l’Humanité – était monnaie courante au sein des forces armées de l’époque. (© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Média: L’Humanité : journal socialiste quotidien | Auteur: Parti communiste français | Date: 10 octobre 1952)
Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Simone Veil, Germaine Tillion, Aimé Césaire: nombreuses sont les personnalités notoires qui sont sorties du silence pour mettre à l’index ces exactions interlopes.
Picasso en personne l’a, non sans génie, croquée en 1962.
Un portrait historique qui est aujourd’hui valorisé à plus de 400 millions de dollars sur le marché de l’art.
Résiliente, elle a su se relever avec dignité des tréfonds des geôles algéroises.
Son exemple s’inscrit indéniablement dans le sillon mémoriel d’une Kahina, d’une Lalla Fatma N’Soumer ou d’une Hassiba Ben Bouali.
En février 2022, le Président Tebboune est venu lui offrir un poste de sénatrice pour services rendus à la nation ; fonction qu’elle a déclinée pour demeurer « citoyenne ».
Mariée au moudjahid Omar Khali, un officier de l’ALN, ce dernier a rendu son dernier souffle le mercredi 24 juillet 2024.