Émilie Busquant et Marcelle Stöetzel: deux épouses lorraines passionnément algérophiles

Avec Émilie Busquant et Marcelle Stöetzel, la Lorraine a offert au peuple algérien deux moudjahidas de souche Astérix.

Même si l’une n’est pas née sur les terres de l’Émir Abdelkader, les deux ont épousé des chefs indigènes de la mouvance décoloniale.

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En effet, Ferhat Abbas et Messali Hadj ont œuvré toute leur vie pour une libération finalement obtenue en mars 1962 ; avec la signature des accords d’Évian.

Hélas, ils n’ont pas eu droit à leur rond de serviette à la table des vainqueurs du FLN.

Image rare de Monsieur et Madame Abbas. (© Capture d’écran Ina.fr | Reportage paru le 25 octobre 1980 sur la vie de Ferhat Abbas | Producteur: Antenne 2 Midi | Journaliste: George Bortoli)

Tout juste, ont-ils été brièvement cités à l’Assemblée populaire nationale (ou APN)…

Tout comme leurs épouses, elles aussi invisibilisées par l’historiographie officielle du régime algérois.

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Aucune n’a eu droit à un hommage posthume au travers d’une statue ou bien d’une plaque commémorative. 

Et rares sont ceux – parmi les 45 millions de citoyens de la République Algérienne Démocratique et Populaire – qui les connaissent de nom…

Article mi-moqueur/mi-calomniateur au sujet de Messali Hadj et de son épouse. (© Capture d’écran Gallica | La Presse | Date: 22 avril 1947)

Disons-le tout net: la postérités de ces deux Jeanne d’Arc décolonialistes est un échec sur toute la ligne.

Ce mausolée numérique à l’effigie de Madame Messali est une bien modeste tentative de réhabilitation mémorielle.

Vivantes, elles constituaient pourtant l’ossature des organisations politiques de leurs époux respectifs.

La logistique du Parti du Peuple Algérien (ou P.P.A) reposait en grande partie sur les épaules de celle qui fut la mère des deux enfants de Messali.

(© Capture d’écran Gallica | L’Algérie libre : par le peuple et pour le peuple | Date: 10 octobre 1953)

Quant à Madame Abbas, elle est allée jusqu’à subir des peines carcérales pour affranchir les Algériens de leurs chaînes coloniales.

Le général de Gaulle est même allé jusqu’à la calomnier dans ses Mémoires en l’accusant de collaborationnisme carabiné avec l’occupant hitlérien.

Une souillure dont il s’est excusé quelques temps plus tard en lui offrant ledit ouvrage dédicacé.

Objet de raillerie, cette pied-noire née à Bouinan le dimanche 24 janvier 1909 a fait l’objet d’un certain nombre d’articles de presse peu flatteurs de son vivant.

Article anti-Ferhat-Abbasien réalisé à des fins de propagande anti-décolonialiste. (© Capture d’écran Gallica | TAM : Tunisie, Algérie, Maroc : l’hebdomadaire de l’empire | Date: 15 mai 1948)

Comme si la propagande tricolore s’entichait à saboter journalistiquement la lutte indépendantiste.

Seuls les canards non-impérialistes louaient la bravoure de cette Française qui s’est émancipée de sa condition originelle.

Mme Messali a, elle aussi, eu droit aux hommages médiatiques de l’algérosphère de son époque.

Décédée le vendredi 2 octobre 1953, une horde d’Algérois du M.T.L.D (ou « Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques ») est venue se recueillir sur son cercueil.

Portrait robot d’Émilie Busquant, aussi connue sous le nom de « Madame Messali ». (© Capture d’écran Gallica | La Presse | Date: 22 avril 1947)

Le militant indigéniste Mustapha Ferroukhi prononça son éloge funèbre en guise de témoignage de sa gratitude patriotique.

Ce dernier qui fut d’ailleurs le co-fondateur – avec Abdelhamid Mehri – du journal La voix de l’Algérie.

Marcelle Abbas a quant à elle connu un épilogue plus anonyme en disparaissant le jeudi 31 mai 2001 à Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines.

Il est regrettable que le Président Abdelaziz Bouteflika n’ait pas eu un mot pour celle qui fut une fidaïa dévolue à la cause algérienne.