L'Émir Abdelkader, l'ami Harki de la France impériale ? À la bonne heure...

En géopolitique algéro-française, qui dit ami ne dit pas forcément Harki…

Et l’Émir Abdelkader ne semble pas faire exception à ce théorème.

Perçu par une multitude d’algéronautes comme un vendu au Second Empire, son héritage mémoriel est aujourd’hui plus que controversé.

Une complexité qu’il convient donc de détricoter fil à fil.

Napoléon III embrassé par la mère de l'Émir Abdelkader, ami de la France(© Toile du peintre Jean-Baptiste-Ange Tissier [1814 – 1876])

Tout d’abord, certains tableaux – dont celui de François Théophile Etienne – le dépeignent courbé ; en train d’embrasser la pogne impériale de Napoléon III.

Une posture de soumission qui ne peut donc laisser place au moindre doute.

Ce geste de servitude est la preuve irréfutable de son « collabeurisme ».

Sa Légion d’honneur – décernée en 1860 des mains l’Empereur – est d’ailleurs le dernier clou de son cercueil réputationnel.

Sans oublier sa pension annuelle de 150 000 francs, qui le subventionnait impérialement afin de maintenir à flot sa boutique métapolitique.

La gratitude, d’abord louis-philipienne puis napoléonienne, a mis en bière sa postérité ; ou plutôt a renforcé cette idée qu’il fut un agent de la traîtrise à une époque où les colonnes du maréchal Bugeaud ratiboisaient les poches de résistance.

Au final, la magnanimité tricolore combinée à la défaite de la Smala en 1843, n’a fait que sombrer sa stature dans les marécages du collabeurisme.

Arbre Généalogique Émir Abdelkader

Les fresques de Théophile Gide et de Jean-Baptiste-Ange Tissier – où il est dépeint en vaincu courbant l’échine face à l’Empereur des Français – ne font que graver cette impression dans l’esprit des Algéronautes post-modernes.

Ceci dit, son « alliance » avec la France est celle de la corde et du pendu.

Sa marge de manœuvre pour mordre cette main tendue était de l’ordre de l’inexistant.