Ouassini Bouarfa, profession: libérateur algérien de la France

Le meilleur ami de l’oncle de Vincent Bolloré était un Algérien, et il s’appelait Ouassini Bouarfa.

Né le dimanche 19 octobre 1919 à Maghnia, dans la wilaya de Tlemcen, il fait partie des rares indigènes qui ont pu accéder à la naturalisation française.

En effet, la sienne s’est faite par décret le 13 mai 1939, soit quelques mois avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Honoré par cette reconnaissance de la IIIème République, il a choisi de servir sa patrie d’adoption en contribuant à sa libération.

C’est ainsi qu’en juin 1943, il s’engage pour la France Libre, et fait la rencontre d’un certain Gwenn-Aël Bolloré.

Âgé de 17 ans, ce dernier a répondu à l’appel du 18 juin en vendant son cheval pour traverser la Manche.

Téméraire, le futur vice-président des Papeteries Bolloré masquera sa forte myopie pour ne pas se faire recaler aux tests d’entrée du commando Kieffer, bataillon crée en 1942 par le capitaine Philippe du même nom.

Et c’est dans cette osmose martiale qu’il finit par se lier d’amitié avec ce francophile venu des terres de l’Émir Abdelkader.

Une aventure militaire relatée dans son autobiographie – Nous étions 177 – publiée en 1964 aux éditions France-Empire.

Le scénariste Abdel Raouf Dafri travaille actuellement à la mise sur papier de son biopic.

Nul doute que la restitution de son débarquement du 6 juin 1944, sur la plage normande de Colleville-sur-Orne, offrira au public des images épiques.

Neuf de ses camarades sont tombés ce jour-là, et il ne seront que vingt-quatre à finir cette campagne de 78 jours ayant permis la libération de Ouistreham.

Blessé et évacué, son compagnon tlemcénien a quant à lui survécu à cette glorieuse Reconquista.

Jamais, par la suite, il n’a manqué une commémoration.

Jusqu’à son décès, la veille du défilé du 14 juillet 2007, il était présent aux côtés des anciens combattants.

Tout comme il n’a pas cessé ses liens de camaraderie avec Bolloré.

Ouassini Bouarfa Gwenn-Aël Bolloré Commando Kieffer(© Capture d’écran Ina.fr | Émission du 6 juin 2014 : Frères d’armes : Ils se sont battus pour la France depuis plus d’un siècle | Réalisation: Rachid Bouchareb & Pascal Blanchard)

Il fait partie de cette algérosphère amoureuse de la France qui s’est sacrifiée pour sa grandeur.

Parmi tous ces hommes, on pense notamment à l’arrière-grand-père kabyle de Jordan Bardella – Mohand Seghir Mada – qui s’est engagé dans les forces armées républicaines au Levant.

Ou au père de l’actrice Isabelle Adjani – Mohammed Chérif du même nom – qui a participé à la campagne d’Italie de 1944.

Jean-Marie le Pen – en personne – s’est fait sauver la vie en Indochine par le soldat Bouabda Zaïdi.

Grièvement blessé par une grenade jetée au sol, le sous-lieutenant breton fut encerclé par une horde de vietcongs déchaînés prêts à le massacrer.

Il n’a dû son salut qu’à la mitrailleuse de son camarade sétifien venue déblayer le périmètre, lui évitant ainsi une mort certaine.

Tous ces exemples guerriers prouvent – à qui pouvait encore en douter – que la maghrebosphère a largement contribué à l’écriture des pages les plus glorieuses de l’Histoire de la République.