Les 5 pieds-noirs les plus célèbres de France
Parmi le million de pieds-noirs revenus en France dans les années 60, certains sont devenus célèbres — quand d’autres ont pu se hisser au rang d’icônes.
Destins brisés par une guerre indésirée, ces personnalités ont malgré tout pu se reconstruire un destin ; loin des terres de l’Émir Abd-el-Kader.
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Une multitude de noms connus qui ont marqué des générations entières.
Pour rappel, pied-noir est un terme qui sert à désigner ces Français de souche algérienne arrachés de leur terroir suite à l’octroi de l’indépendance en 1962.
Certains, à l’instar de la couturière Cécile Serra, ont renoncé à la valise afin de rester en Algérie. (© Capture d’écran | Chaîne de BFMTV sur YouTube | Date: 15 mars 2012)
Une définition englobant des réalités très diverses, et qui sert de trait d’union à cette communauté de destins aux origines multiples.
Espagnols, Maltais, Italiens, Allemands, Néerlandais, Belges et Suisses, tous appartiennent à une même patrie d’adoption.
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Et inutile de préciser que cette épreuve de vie douloureuse a forgé chez eux un caractère de fer — qui se reflète au travers de leurs ambassadeurs médiatiques.
Des célébrités talentueuses à qui l’on doit des œuvres plus que majeures.
Robert Castel, l’acteur star des années 70/80, est né à Bab El Oued
L’humoriste et son épouse, Lucette Sahuquet, dans une saynète à télé. (© Capture d’écran Ina.fr | Émission: Top à | Date: 1974)
Aristocrate de l’humour, son talent a pu éclore loin du sol qui l’a vu naître.
Venu au monde en pleine agglomération algéroise, il a puisé dans ses souvenirs un carburant pour son inspiration.
Une source infinie de rêveries qui a inspiré ses personnages les plus comiques.
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On pense notamment à celui de Kaouito, qui a fait sa gloire télévisuelle dans les années 70.
Issu d’une famille d’artistes, son propre père — Lili Labassi — était un interprète et musicien algérien.
Marthe Villalonga, l’actrice pied-noire née à Fort-de-l’Eau (devenue depuis Bordj El Kiffan)
(© Capture d’écran | Chaîne de Entrée libre sur YouTube | Date: 13 avril 2015)
Pianiste de vocation, c’est pourtant dans l’art comique que la native algéroise a fait son nid.
Révélée dans la Famille Hernandez, de Geneviève Baïlac, cette pièce de théâtre illustre — non sans folklore — le quotidien d’une famille pied-noire de la fin des années 50.
Une fresques dramaturgique qui a permis au public métropolitain de découvrir un parler typique, le pataouète.
Le succès fut tel dans les salles qu’elle a même fini par être adaptée au cinéma en 1965.
Preuve en est que cette culture euro-algérienne suscite un immense intérêt chez une grande partie des Français.
Albert Camus, l’intellectuel algéro-constantinois
(© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | En avant : bulletin hebdomadaire de l’Armée du Salut | Date: 14 juin 1987)
C’est à Mondovi — dans l’actuelle wilaya d’El Tarf — que l’auteur de La Chute a pu naître.
Autrefois rattaché au département de Constantine, cette ville s’appelle aujourd’hui Dréan.
Loin de faire partie de la haute bourgeoise locale, il a grandi dans les quartiers précaires du quartier de Belcourt.
Baignant dans un univers cosmopolite, il a trouvé dans celui-ci un destin, celui de la défense des opprimés.
Enrico Macias, chanteur nostalgique d’une Algérie révolue en 62
(© Capture d’écran Ina.fr | Émission: Rendez-vous à Paris | Date: 1961)
Si les pieds-noirs devaient avoir un hymne à eux, ce serait probablement « Adieu Mon pays ».
Sortie dans la première moitié des années 60, cette chanson synthétiste à elle seule la mélancolie de tout un peuple.
Fils d’un violoniste de Constantine — Sylvain Ghrenassia — il a fait ses gammes au sein d’une famille de musiciens de malouf.
Rejoignant l’orchestre de Cheikh Raymond, ce dernier fut lâchement abattu en 1961 par le FLN.
Un événement tragique qui a poussé la famille Ghrenassia au départ à bord d’un bateau.
La naissance oranaise d’Yves Saint Laurent
Citation trouvée sur une des pages du musée consacré à sa mémoire.
Y-S-L: trois lettres qui règnent depuis plus d’un demi-siècle sur le monde de la haute couture (et au-delà).
Mais parmi ceux qui adulent son génie créatif, combien savent qu’il a vu le jour en Algérie française dans la seconde moitié des années 1930 ?
Scolarisé à Oran, au lycée Lamoricière, le créateur de mode a grandi dans un écrin composé d’indigènes et d’européens.
Quittant la ville en septembre 1954 pour monter à Paris, c’est dans la capitale qu’il a fait ses premières armes à la manière d’un Rastignac des temps modernes.
Il n’a donc pas vécu sur place lors des huit années de guerre larvée qui a causé des centaines de milliers de victimes.
Néanmoins, il a fait partie de cette société de Français établis au Maghreb ; à une époque où le tricolore flottait encore sur le continent.