Mahmoud Bouhamidi, le chahid oublié de la bataille d'Alger

Plastiqué le mardi 8 octobre 1957 – sur ordre du commandant Guiraud – le martyre Mahmoud Bouhamidi a par la suite été victime d’une seconde mort, celle de sa propre mémoire.

Échoué dans les oubliettes de l’Histoire, rares sont ceux – parmi les 45 millions de citoyens de la République Algérienne Démocratique et Populaire – qui se rappellent encore de lui.

Son nom ne figurant dans aucun manuel scolaire, ni sur aucun panneau de rue ou de boulevard algérois.

Pire encore, aucun de ses frères d’arme – ayant survécu à la grande guerre révolutionnaire – n’ose le citer publiquement.

C’est un fantôme mémoriel, un personnage pourtant historique sans personne pour lui rendre un dernier hommage.

Enlisé dans les marécages de l’anonymat, il a pourtant combattu aux côtés de grandes figures du mouvement – à l’instar d’Ali la Pointe, du Petit Omar ou de Hassiba Ben Bouali.

Terrés dans la cache du 5 de la rue des Abdérames, ils ont troqué leur vie contre la libération de leur peuple arabo-berbère.

Une bravoure inouïe qui alimente chaque jour davantage le patriotisme de ceux qui ont eu l’honneur de leur succéder.

Pourtant, si les trois derniers sont glorifiés à titre posthume, on ne peut pas en dire autant du fidaï Bouhamidi.

En effet, chaque 8 octobre de chaque année, ses trois camarades ont droit de citer ; mais pas lui…

Cela cacherait-il une certaine inimitié du FLN à son égard ?

À moins que l’algérosphère ne soit partiellement amnésique ?

Recruté six mois auparavant par feu Yacef Saâdi – alors chef de la Zone autonome d’Alger – il officiait sur place en tant qu’agent de liaison.

Aussi discret qu’une panthère des neiges, il fluidifiait la transmission des messages sans se faire intercepter par les hommes du capitaine Paul-Alain Léger.

Mahmoud Bouhamidi
Première biographie du chahid Bouhamidi. (© DanXaw de pixabay via Canva.com & DIY Book Covers)

L’entreprise étant aussi familiale, sa petite sœur de sept ans mettait la main à la patte en transportant les courriers au QG de la Casbah du FLN ; situé au 3, rue Caton.

Bien qu’il n’ait pas connu le frisson de la libération de 62, sa résurrection mémorielle serait amplement méritée.

Tout comme celle d’Émilie Busquant, la mère originelle de l’actuel drapeau algérien.