L'héritage mémoriel d'Ali et Djanina, les deux enfants de Madame Messali (née Émilie Busquant)

L’héritage messaliste a en partie reposé sur les épaules des deux enfants de Messali Hadj: Ali et Djanina.

Élevés par Émilie Busquant, quand le père était retenu en otage par la police coloniale, ils sont tous deux des témoins précieux de l’épopée indépendantiste.

Même si le frère aîné – qui a vu le jour le mardi 8 juillet 1930 à Paris – n’a pas produit une littérature féconde à ce sujet, la sœur – quand à elle – a accouché d’une kyrielle de témoignages écrits et filmés.

Et c’est en 2013 qu’elle a choisi de publier – aux éditions Riveneuve – un ouvrage autobiographique consacré à l’auscultation de cette jeunesse entièrement consacrée à la décolonisation algérienne.

Ali et Djanina Messali Hadj, enfants d'Émilie Busquant

Description par la presse française de Djanina Messali.(© Capture d’écran Gallica | Journal: Libération | Directeur: Emmanuel d’Astier de la Vigerie | Date: 10 novembre 1946)

Née à Alger le samedi 16 avril 1938, elle avait 23 ans quand les accords d’Évian furent signés.

Son père – n’ayant pas eu son rond de serviette à la table des vainqueurs – ne put que constater sa victoire politique loin d’un peuple indigène qu’il a pourtant tant servi.

Paradoxalement, il était – en ce jour du 18 mars 1962 – conjointement vainqueur idéologiquement et vaincu politiquement.

Le FLN ayant triomphé sur la scène internationale en éclipsant le MNA ; parti crée dans la foulée du 1er novembre 1954 sur les ruines du PPA-MTLD.

Lettre de Djanina et Ali au gouverneur généralLettre de Djanina et Ali au gouverneur général. (© Capture d’écran Gallica | Journal: L’Algérie libre : par le peuple et pour le peuple | Date: 3 octobre 1953)

Mémoriellement, Messali Hadj porte aujourd’hui le nom d’un aéroport, celui de Tlmencen ; la ville qui l’a vu naître en 1898.

Néanmoins, il n’est pas autant célébré sur les bancs des écoles de la République Algérienne Démocratique et Populaire qu’un Ali la Pointe ou un Yacef Saâdi.

Messali Hadj a épousé une Parisienne selon Ici Paris(© Capture d’écran Gallica | Journal: Ici Paris : grand hebdomadaire d’actualités et d’informations | Directeur: Henri de Montfort | Rédacteur en chef: Gabriel Perreux | Date: 22 avril 1947)

Sa fille se bat, au travers d’une multitude d’interventions médiatiques, pour le réhabiliter à titre posthume.

Gardienne du temple messaliste, elle a par exemple investi son temps et son énergie – aux côtés de Rabah Zanoun – dans la réalisation d’un télé-documentaire de 53 minutes entièrement consacré à la vie de sa mère, Émilie.

Annonce de la mort de Madame Messali à Alger(© Capture d’écran Gallica | Journal: Alger républicain | Directeur: Pascal Pia | Date: 3 octobre 1953)

Mariée à Enouar Benkelfat, elle a fait le choix de conserver son patronyme natal ; en le concaténant à celui de son époux.

Sa propre fille, Leila Benkelfat, Doctorante en Histoire de l’Algérie Contemporaine à la Sorbonne, n’hésite pas à porter le flambeau familial dans la presse locale.

En 2019, elle avait par exemple répondu publiquement à l’historien algérois Mohamed El-Korso au sujet d’une théorie douteuse concernant son grand-père, Messali.

Cette dynastie mémorielle constitue donc un contre-pouvoir à la pensée unique qui s’est partiellement emparée de l’historiographie officielle du FLN.