Marcelle Abbas, la Française devenue "Première dame d'Algérie"

Certains algéronautes l’ignorent peut-être: mais la Première dame du premier Président algérien (libre) fut Française.

Pied-noire qui a vu le jour à Bouinan, en l’an de grâce 1909, Marcelle Abbas (née Stöetzel) a épousé Ferhat du même nom – en 1946 – par algérophilie.

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À l’instar d’Émilie Busquant, la femme de Messali Hadj, sa famille est originaire de Lorraine ; dans l’Est de la France.

Et pourtant, sa première compagne fut une Algérienne de souche massinissienne.

Annonce du mariage de Ferhat Abbas avec la fille de Si Hacène Ben-Khellaf. (© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | La Défense : hebdomadaire indépendant des droits et intérêts des musulmans algériens | Directeur, rédacteur en chef: Lamine Lamoudi | Date: 28 septembre 1934)

Le futur Président du GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) avait alors 35 ans et jouissait déjà d’un certain prestige au sein de l’algérosphère patriotique.

Sorte de Kémi Séba algérois du XXème siècle, il dénonçait – du temps de Gaston Doumergue – le siècle de colonisation subi par ses co-indigènes asservis.

Césure lexicale: « Khemem », ça veut dire quoi au juste ?

C’est donc tout naturellement qu’il épousa une indigène en la personne de la fille de Si Hacène Ben-Khellaf, le conseiller général de Djidjelli.

Les épousailles eurent lieux le samedi 22 septembre à Taner.

(© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | L’Éveil de Sétif : politique, artistique, littéraire et agricole : organe indépendant des intérêts de la région sétifienne : paraissant tous les dimanches | Directeur-administrateur: Marc Setboun | Date: 24 juin 1950)

Une alliance avec la haute beurgeoisie qui eût un grand retentissement dans la société Djijelienne.

L’aéroport de cette wilaya – celle de Jijel – porte actuellement le nom de ce Gandhi algérien.

Preuve symbolique que sa postérité est assurée sur la terre de l’Émir Abdelkader.

Ce qui n’est hélas pas le cas de sa seconde épouse franco-algérienne.

(© Citation tirée de l’ouvrage: L’Algérie entre deux mondes (1): Le dernier quart d’heure (1963) | Auteur: Albert-Paul Lentin)

Aucun lycée – ou rond-point – ne porte aujourd’hui son nom à Alger ; et pourtant elle s’est – de son vivant – dédiée corps et âme à la Révolution.

Invisibilisée, pratiquement aucun héritier de 1962 n’ose prononcer son nom malgré son statut de Première dame algérienne.

Cela ne cacherait-il pas d’ailleurs une certaine forme de « pied-noirophobie » carabinée ?

Décédée le jeudi 31 mai 2001 à Saint-Germain-en-Laye, le Président Bouteflika n’a même pas tenu à publier un communiqué officiel pour lui rendre hommage…

Marcelle Abbas, la Française devenue "Première dame d'Algérie"

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