Les enfants spirituels de Zohra Drif, la Première dame (par intérim) d'Algérie
Moudjahida de la Casbah, Zohra Drif est une figure iconique pour tous les enfants spirituels de la Révolution algérienne.
Éphémère, mais non moins exemplaire, Première dame d’Algérie — du 27 décembre 1978 au 9 février 1979 — son exemple inspire bien au-delà des frontières de Lalla Fatma N’Soumer.
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Chaque petit paragraphe paru dans les livres scolaires du pays — que l’on peut par exemple trouver sur « English 4AM » — lui rend hommage à sa juste valeur.
Épouse du Président intérimaire Rabah Bitat, la postérité a retenu d’elle l’image d’une combattante au service d’un idéal: celui de la décolonisation.
Zohra Drif interviewé en juin 2015 par Sami Bitat, son petit-fils, au TEDxAudinSquareWomen. (© Capture d’écran | Chaîne de TEDx Talks sur YouTube | Date: 30 juin 2015)
Du Milk Bar à Barberousse, de l’insoumission à l’incarcération, elle est passée par toutes les étapes du sacerdoce d’un militant révolutionnaire.
Et même six décennies après la signature des accords d’Évian, elle n’a pas hésité à fouler le sol tricolore pour se lancer dans une passe d’armes — à fleurets mouchetés — avec un certain Bernard-Henri Lévy.
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Elle continue, même à l’approche du centenaire, à livrer ses témoignages sur les différents plateaux télés afin de transmettre aux générations suivantes sa jeunesse éternelle.
Scolarisée à la française, au lycée algérois de Fromantin, elle s’est employée à apprendre les us et coutumes de l’adversaire pour mieux le mettre à terre.
Les camarades de classe de Zohra s’appelaient Huguette, Viviane, Madeleine ou encore Ginette. (© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | La Dépêche algérienne : journal politique quotidien | Date: 28 mai 1946)
Elle était alors âgée 9 ans lors de la défaite de Diên Biên Phu du 7 mai 1954.
Une date cardinale dans l’esprit des indigènes nord-africains, car elle ébréchait l’image d’invulnérabilité de l’occupant français.
Une coercition qui durait depuis 1830, date à laquelle les troupes du général Bugeaud foulèrent le sol maghrébin pour la première fois.
Éprise de justice et de liberté, la jeune Zohra ne pouvait tolérer durablement cette oppression colonisatrice.
(© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | L’Écho d’Alger : journal républicain du matin | Date: 20 octobre 1954)
C’est la raison pour laquelle elle a fait le choix de rejoindre le colonel Yacef Saâdi, alors chef FLN de la Zone Autonome d’Alger.
Le combat des fellaghas n’était pas contre les pieds-noirs du quotidien algérois, mais plutôt contre ce système qui privait les indigènes de leur souveraineté fondamentale.
D’ailleurs, une de ses meilleures amies à l’école s’appelait Roselyne Garcia.
Impeccablement francophone, c’est souvent dans la langue de Voltaire qu’elle plaît à témoigner sur les plateaux télés.
Des récits précieux, qui permettent de mieux comprendre les nombreux sacrifices accomplis par cette génération pour atteindre l’indépendance de 1962.