La rencontre secrète entre Krim Belkacem et Jean-Marie le Pen

Une paix des braves n’a t-elle pas été entérinée entre le moudjahid Krim Belkacem et le lieutenant parachutiste Jean-Marie le Pen ?

Des liens étonnants ont jadis pu se nouer entre certains cadres du FLN et des officiers français.

• Interlude aurésien: Que s’est-il réellement passé dans les gorges de Tighanimine le 1er novembre 1954 ?

Des rumeurs insistantes circulent, par exemple, au sujet de l’amitié qui pouvait exister entre le général Marcel Bigeard et le colonel Yacef Saâdi.

Or, il se trouve que le Pen — père — a participé à une guerre d’Algérie débutée le 1er novembre 1954, avec la tragique Toussaint Rouge.

L’interview testament de Jean-Marie le Pen accordée au magazine VSD, et publiée le 14 juin 2021.

Député poujadiste, il n’a pas hésité à troquer son écharpe tricolore contre le treillis militaire.

Aux ordres du général Jacques Massu, il a servi le tricolore à Alger pour combattre les fellaghas qui faisaient régner le chaos dans la ville.

• Parenthèse dialectale: Voici quelques mots de pataouète — le parler pied-noir — qui font désormais partie du dictionnaire

Une besogne de basse police confiée au nec plus ultra de l’armée française, à une époque où la IVème République vacillait à chaque explosion provoquée par Hassiba Ben Bouali et ses oukhty.

C’est d’ailleurs dans ce contexte de tensions larvées que Massu et son épouse — Suzanne — ont adopté deux enfants indigènes, Malika et Rodolphe.

(© Capture d’écran Ina.fr | Émission: JT 13H | Journaliste: Georges Bortoli | Producteur: Radiodiffusion Télévision Française | Date: 25 mai 1961)

Intégré à la Xème division parachutiste, le soldat le Pen a même reçu la Croix de la Valeur militaire pour services rendus à la patrie.

Faut-il rappeler que cette opération musclée — lancée en janvier 1957 — a été décidée par les socialistes au pouvoir, alors dirigés par Guy Mollet ?

Et que le Garde des Sceaux de ce gouvernement — à l’étiquette SFIO — était un certain François Maurice Adrien Marie Mitterrand…

Un patronyme qui, comme chacun le sait, devint présidentiel à partir de 1981.

(© Capture d’écran Ina.fr | Chaîne de INA Histoire sur YouTube | Date: 12 février 1985)

Natif de Kabylie, Krim Belkacem s’est battu avec opiniâtreté contre cette Occupation en cours depuis 1830.

Vainqueur en 1962, il fut le signataire des accords d’Évian du 18 mars.

A posteriori, il ne semblerait pas qu’il ait conservé une quelconque rancune à l’égard de ceux qu’il a vaillamment combattus.

En effet, quelques jours avant son assassinat, dans une chambre d’hôtel à Francfort, il a choisi d’aller à la rencontre du futur Président du FN — qui portait encore un cache-œil suite à une bagarre en 1965.

Citation extraite de l’ouvrage « Fils de la nation » de Jean-Marie Le Pen | Éditeur: Éditions Muller | Page 1744 | Date de publication: 2018.

Ce face-à-face s’est, selon la version de ce dernier, déroulé en catimini dans une berline à Paris.

Timide, c’est dans un long silence que l’entrevue a débuté, avant que l’ancien para ne lui demande ce qu’il avait à lui dire, ce qui conduisit à cette réponse laconique de l’ancien vice-Président du GPRA: « Je voulais juste te rencontrer. »

Touché par un échange qui s’est voulu cordial, celui qui est surnommé « le Menhir » en a gardé un souvenir impérissable.

(© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Alger républicain | Directeur: Pascal Pia | Date: 1er mars 1952)

Une douzaine d’années auparavant, en 1958, il avait poussé la candidature d’Ahmed Djebbour — originaire de la ville portuaire de Ténès — aux législatives.

Un pari gagnant, puisque ce Français — né sur les terres de l’Émir Abd-el-Kader — a réussi à se faire élire sur une liste appelée « Algérie française ».

Au cours de la bataille d’Alger, il a toujours pris soin de respecter les rites funéraires musulmans des chahids tombés au front.

Une marque de respect qui témoigne de l’humanité d’un homme parfois dépeint comme un ogre par bon nombre de plumitifs.