Hacène Guendriche a t-il été le délateur de la Casbah ?

Le nom de Hacène Guendriche — ou Ghandriche — revient fréquemment sur la table lorsqu’il est question de trouver le délateur d’Ali la Pointe.

En temps de guerre, chaque camp nourrit en son sein des Judas prêts à l’emploi — des baveuses trop prolixes lorsqu’ils sont soumis à la question.

Et la bataille d’Alger de l’an 1957 ne fait, hélas, pas exception à la règle.

Tous les fellaghas de la Casbah furent neutralisés un à un par les militaires français — non sans effusion de sang.

Le film la bataille d'Alger, Guendriche (© Capture d’écran | Titre: La battaglia di Algeri (ou « معركة الجزائر ») | Année: 1966 | Réalisateur: Gillo Pontecorvo | Production: Igor Film & Casbah Films)

Un conflit qui a trouvé son épilogue lors du plasticage du 5 de la rue des Abdérames.

Des chahids qui reposent aujourd’hui au cimetière d’El Alia, entourés de 250 000 de leurs compatriotes libérés en 1962.

Aucun thuriféraire de la patriosphère algérienne ne saurait les oublier, eux qui ont tout donné pour la grandeur d’un peuple autrefois prisonnier du joug impérial.

Néanmoins, rares sont ceux qui se souviennent des agents de la traîtrise — que certains ont pour coutume d’appeler « Harkis ».

Citation de Yacef Saâdi au sujet de Hacène GuendricheCourt extrait tiré des mémoires de Saâdi, le tome III de La bataille d’Alger (aux Éditions Publisud).

Or, ces derniers furent les principaux ouvriers de l’intoxication du FLN.

Un capitaine, l’officier parachutiste Paul-Alain Léger, en est le principal architecte.

Kabylophone, il était partisan du maintien des terres de l’Émir Abdelkader dans le giron tricolore — une fin qui, selon lui, justifiait n’importe quel moyen, y compris la bleuite.

Pour y parvenir, il a choisi de créer une structure d’infiltration — le GRE (pour Groupe de renseignements et d’exploitation) — pour pouvoir noyauter les réseaux interlopes de l’ALN dans les différentes wilayas.

Plusieurs infiltrés indigènes furent donc recrutés à tour de bras, à l’instar d’Houria la Brune, la messagère de la Casbah.

Mais la pièce maîtresse de son dispositif, celle qui a le plus contribué à la victoire des « bleus-de-chauffe », fut probablement Hacène Guendriche.

Article sur Yacef Saâdi en 1955(© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Le Télégramme de Brest et de l’Ouest | Date: 6 juin 1955)

Proche du colonel Yacef Saâdi, il était l’ancien chef de la région III de la Zone Autonome d’Alger.

Un poste stratégique qui lui a permis de recueillir un fatras de « tuyaux » permettant notamment l’arrestation des éléments les plus actifs de l’organisation indépendantiste.

Le 23 septembre 1957, c’est Saâdi en personne — accompagné de la moudjahidate Zohra Drif — qui fut capturé par les paras.

16 jours plus tard, le 8 octobre, c’est la planque de Hassiba Ben Bouali, d’Ali la Pointe, du p’tit Omar et de Mahmoud Bouhamidi, qui fut plastiquée avec fracas.

Cette date — centrale dans l’historiographie algéro-révolutionnaire — marque la fin de la bataille d’Alger.

Une victoire française permise par un Judas algérois.