Voici comment s'appelait réellement l'Algérie avant 1830
Une question existentielle passionne l’algérosphère depuis maintenant plusieurs décennies: comment s’appelait l’Algérie avant l’arrivée des Français en 1830 ?
Lorsque les hommes du général Bugeaud ont envahi les terres de l’Émir Abd-el-Kader, ils ne sont pas tombés sur une « Terra nullius ». Loin de là.
- Intermède chérifien: Ceci est la traduction idoine du terme « mrarka »
Ils ont fait face à une défense farouche des indigènes qui ont tenté de les repousser jusqu’à la mer méditerranée. En vain.
Sous l’impulsion initiale du Roi bourbon Charles X, ils ont peu à peu colonisé ce vaste territoire tout le long du règne de Louis-Philippe Ier — avant qu’il ne soit divisé en trois départements distincts: Alger, Oran et Constantine.
« Roïaume d’Alger »: c’est ainsi que les cartographes français sous le règne de Louis XV nommaient ce régime monarchique. Soit plus d’un siècle avant la début de la colonisation. (© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Methode pour etudier la geographie. Tome 3 | Auteur: Nicolas Lenglet Du Fresnoy (1674-1755) | Date: 1716)
En effet, l’abolition de la monarchie de Juillet, en l’an 1848, et l’instauration de la IIème République, a marqué le début d’une nouvelle ère dans cette zone nord-africaine.
Jusqu’à la signature des accords d’Évian, en mars 1962, cette région maghrébine était directement intégrée au système administratif français.
- Interlude fanonien: Portrait biographique de Marie-Josèphe Dublé, l’épouse du moudjahid Frantz Fanon
Pour rappel, le mot « Algérie » a été proposé pour la première fois le dimanche 14 octobre 1838 par le général Antoine Virgile Schneider — ministre la guerre louis-philippien — pour remplacer l’appellation trop pompeuse de « possessions françaises dans le nord de l’Afrique ».
Ce nom fut officialisé l’année suivante par celui-ci dans une instruction transmise au gouverneur général, le lundi 14 octobre 1839.
Voici une carte française du Maghreb datant de 1830. Les frontières ont depuis évolué. (© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Nouvelle carte des régences d’Alger, de Tunis, de Tripoli, et de l’Empire de Maroc | Auteur: L. Berthe)
Avant cette date, plusieurs Algéries — au pluriel — ont jadis pu exister.
Sous le joug ottoman, la régence d’Alger — ou « Dawlat al-Jazâ’ir » en arabe — était par exemple dirigée par un Dey, titre attribué aux chefs d’État de ce régime.

C’était du moins le nom politique de cet État relativement autonome vis-à-vis de la Sublime Porte.
En effet, de 1516 à 1830, l’actuelle Algérie a vécu près de 314 années d’administration ottomane.
Au cours de la période islamique médiévale, plusieurs Royaumes ont pu exister simultanément comme celui de Tlemcen avec les dynasties Zianides, celui de Koukou en Kabylie, sans oublier celui de Béjaïa avec la dynastie Hammadite.
(© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Carte de l’Algérie divisée par tribus | Auteur: MM. E. Carette et Auguste Warnier ; Membres de la Commission Scientifique de l’Algérie)
De même que durant le Haut Moyen Âge, il y a eu l’occupation vandale puis byzantine de l’actuelle nation DZ.
Et si on remonte plus loin à l’Antiquité, il y a eu le légendaire Royaume de Numidie — ou Numidia — avec les Rois Jugurtha et Massinissa.
En bon tamazight, cela s’écrit comme ceci: ⵜⴰⵎⵓⵔⵜ ⵏ ⵍⴷⵣⴰⵢⵔ (ou « Tamurt n Lezzayer ») (© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Régence d’Alger. Peut-on la coloniser ? Comment ? | Auteur: Jean Baptiste Flandin (1777-1853) | Date: 1833)
Sans oublier la Maurétanie romaine, avec son lot de provinces intégrées au Sein de l’Empire.
Les Algériens d’aujourd’hui sont donc le fruit de cette Histoire multi-séculaire.
Héritiers des Numides, des Romains, des Vandales, des Byzantins, des Arabes, des Ottomans et des Français, leur culture puise ses racines dans une multitude de civilisations.
Même si il y a eu un avant et un après 1830: période au cours de laquelle la régence d’Alger fut mise en bière pour donner naissance à l’Algérie unifiée sous le tricolore hexagonal.
Avant la Libération de 62.




