Zohra l'Allemande, une Belge flamande au service de la Révolution algérienne
Moins connue qu’une Zohra Drif, Zohra l’Allemande — ou Zahra Lalmania — n’est pourtant pas étrangère à la victoire révolutionnaire de l’algéropshère.
Loin s’en faut, puisque cette Belge de naissance a mis sa peau sur la table afin de contribuer au triomphe final de 1962.
Née sous le nom de Georgette Gerarda Leontine Vandenabeele à Genk, dans la province flamande de Limbourg, le dimanche 10 mai 1942, elle s’est mariée à un militant du FLN algérien — un certain Ahmed Dahoua — épousant ainsi la cause de Lalla Fatma N’Soumer, jusqu’à se faire naturaliser en 1969.
Moudjahida, c’est avec un stéthoscope autour du cou qu’elle a participé à l’effort de guerre dans son rôle d’infirmière.
Témoignage vidéo de Zahra Lalemania. (© Capture d’écran | Chaîne de ANEP Groupe sur YouTube | Date: 6 novembre 2016)
Son époux était, quant à lui, chargé d’acheter et d’acheminer les calibres au sein des différentes katibas.
Et c’est en décembre 1959 qu’il fut arrêté en Kabylie par les occupants tricolores, avant d’être incarcéré non loin de Tizi Ouzou.
- Parenthèse manchoise: Madame Zohra Ben Bella est née en France dans une petite commune normande de quelques centaines d’habitants
Un emprisonnement vécu comme une injustice coloniale pour sa jeune compagne, et qui l’a poussée à le rejoindre sur le champ en prenant un vol pour Biskra.
Évadé de sa cellule, le moudjahid a pu subrepticement rallier le QG de la wilaya I — celle des Aurès — dans la région de Batna.
(© Capture d’écran | Chaîne de Echorouk News sur YouTube | Date: 19 mai 2022)
Affectée dans une clinique aurésienne de cette vaste zone stratégique, Mademoiselle Vandenabeele opérait alors dans la forêt batnéenne de Kimmel.
Néerlandophone, du fait de sa flamandité, son accent avait comme quelque chose de germain.
D’où son fameux surnom de « l’Allemande » (ou « Lalmania »).
À la signature des accords d’Évian, en mars 1962, elle a fait le choix de rester avec son mari dans la ville de T’kout — quand la majorité des pieds-noirs optaient de leur côté pour la valise.
(© Capture d’écran | Source gallica.bnf.fr / BnF | Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris | Date: 8 août 1962)
Elle continuera son sacerdoce infirmier jusqu’à sa retraite, en 1997 — se mettant au service d’une patientèle qui s’étendait jusqu’aux alentours de son bourg.
Choix du cœur, l’Algérie indépendante était pour elle une patrie d’adoption, loin de sa Belgique natale.
C’est sur cette terre — celle de l’Émir Abd-el-Kader — qu’elle a fondé un foyer de cinq enfants.
Et c’est ici, et non ailleurs, qu’elle continue de vivre au milieu des siens.
Son parcours n’est pas sans rappeler celui d’Émilie Busquant, épouse de Messali Hadj, et mère de l’étendard de la victoire qui trône aujourd’hui sur tous les frontons du pays.
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